Extrait de 'A Travers le Monde - 1908' , à propos de conflits (pas les 1ers ni les derniers) entre tribus indiennes et US administration.
Extract from 'A Travers le Monde - 1908' , about conflicts (not the first, but not the last) between the indians tribes and the US administration.

Les dernières Tribus Indiennes
insoumises aux États-Unis.

Une des rares tribus indiennes qui végètent encore aux États-Unis oppose en ce moment au Gouvernement de Washington une résistance qui pourrait bien entraîner sa perte.
Il y a une année, environ, cette tribu qui a donné son nom à l'Utah, quittait brusquement les territoires qui lui avaient été assignés obligatoirement dans ce dernier État, et, traversant le Colorado et le Wyoming, allait se fixer dans la région des Collines-Noires du Dakota méridional. Elle refuse aujourd'hui de réintégrer son État et répond aux sommations par un véritable défi au Gouvernement américain. Les Utes se plaignent en particulier de la réduction qu'ont subie les fournitures de vivres qu'ils reçoivent du Gouvernement fédéral et de l'internement de leurs enfants dans une école alimentaire sise à 5o kilomètres de leur habitation actuelle.
La réponse des autorités ne s'est pas fait attendre les troupes fédérales viennent d'être envoyées dans le Dakota méridional.
En présence de l'attitude des Indiens, deux courants d'opinion absolument contraires se sont dessinés dans le public éclairé des États-Unis; il y a, on le devine, les partisans de la douceur et les partisans de la manière forte.
Les premiers ont à leur tête le capitaine Carter P. Johnson, qui s'est fait aimer et respecter des Indiens pendant les trente années qu'il a été en relations avec eux, comme commissaire des Affaires indiennes. Dans un rapport qu'il a adressé au Département de la Guerre,. à Washington, il dépeint les Utes comme de pauvres affamés, aigris par les injustices de toutes sortes qu'on leur a fait subir. La présence des troupes ne fera - dit-il - que les exaspérer: tout cela finira par une large effusion de sang où ces malheureux seront décimés, peut-être anéantis ; est-ce là ce que veut le Gouvernement?
Le capitaine P. Johnson pense qu'il suffirait de fournir à la tribu les vivres qu'elle recevait en ces dernières années, sans lésiner sur cette maigre aumône, et de rapprocher d'elle l'habitation des enfants pour l'amener à de meilleurs sentiments. Déjà, les Utes avaient promis d'accepter, à ces deux conditions, les mêmes règlements que ceux auxquels obéissent les Sioux, lorsque l'arrivée des troupes les a révoltés.
Par contre, le commissaire actuel des Affaires indiennes, M. Francis E. Zeupp, et la plupart des militaires, représentent les Utes comme des fainéants, qui ont refusé de prendre part aux constructions de voies ferrées et autres travaux qu'on leur a proposés. Ils préfèrent vivre de mendicité. De l'avis de ces partisans de la force, il faut en finir par la répression plus on montrera de fermeté, plus vite on les réduira, pour leur propre bien, à vivre de la vie des citoyens américains, que tant d'autres Peaux-Rouges ont consenti à adopter depuis un demi-siècle.
C'est à n'en pas douter la raison du plus fort qui triomphera. Les Utes, comme les Danois du Sleswig et les Polonais, n'ont qu'à se soumettre, étant une infime minorité.